Publié le 27 juin 2022

Le platine et le palladium tiraillés entre inflation et hausse des taux d’intérêt

Ces dernières semaines, les platinoïdes ont semblé suivre les fluctuations du cours de l’or. Le contexte actuel, qui voit les marchés ballottés entre tendances inflationnistes et prévisions de remontées des taux d’intérêt, y aide grandement.

En effet, les économistes le savent depuis bien longtemps, le mouvement global de hausse des prix tend à renforcer l’or (et, à sa suite, les métaux précieux dans leur ensemble) dans son statut de valeur refuge. À l’inverse, la hausse des taux d’intérêt conduit plutôt à faire baisser la valeur du métal jaune.

Ainsi, les 13 et 14 juin, alors que se profilait une réunion de la FED très attendue, le platine et le palladium chutaient respectivement de près de 6 et de 7 %. Cela pour remonter ensuite le 16/06, à 954 $ l’once pour le platine et 1880 $ pour le palladium.

Preuve que le facteur géopolitique n’est plus vraiment prépondérant dans la fixation actuelle des prix, les deux platinoïdes terminent ce mois de juin à des niveaux comparables à ceux de la fin de l’année dernière. Le platine clôturait ainsi, le 24/06, à 911 $ l’once, soit son plus bas depuis le 15 décembre 2021.

Pour le platine, un avenir brillant…

Début juin, Paul Wilson, qui dirige le Platinum Investment Council, expliquait que les prévisions mondiales de platine avaient dû être revues à la baisse. Une production plus faible que prévu, non seulement en Russie, mais également en Afrique du Sud, a fait passer les projections pour 2022 de 8,18 millions à 7,78 millions d’onces.

Tandis que le platine, qui a perdu près de 35 % de sa valeur depuis 10 ans, peut sembler quelque peu sur le déclin, le même Paul Wilson voit s’ouvrir pour lui un avenir radieux. Il mise pour cela tout particulièrement sur le développement des moteurs à hydrogène. Le parc, en effet, devrait s’élargir massivement dans les années qui viennent (11 millions de véhicules attendus à travers le monde pour 2030), et leur fabrication réclamera des quantités de platine sept fois supérieures à celles qui sont mobilisées dans un moteur diesel.

Selon les projections de Bloomberg, cette demande accrue pourrait, d’ici la fin de la décennie, provoquer un déficit mondial annuel de l’ordre de 300 000 onces – et une hausse des cours en proportion.

… menacé par des technologies de substitution ?

On comprend alors que tant de laboratoires à travers le monde soient lancés dans une course contre la montre pour mettre au point des procédés qui permettront à moindre coût de supplanter le platine.

Deux candidats se sont présentés ces dernières semaines. Les premiers, en Australie, autour du Pr Arifur Rahim. L’invention, dans laquelle certains voient déjà les prémices d’une révolution de l’industrie chimique, consiste à associer les propriétés du platine à celles du gallium, un métal bien moins onéreux, qui se liquéfie à basse température. On obtient ainsi un catalyseur à la fois plus efficace et nécessitant beaucoup moins de platine.

L’autre invention, tout aussi prometteuse, est à mettre au compte de chercheurs polonais. L’équipe de l’Université de technologie de Varsovie a réussi à produire de l’hydrogène dans un réacteur à impact, sans faire aucun usage du platine.

Du laboratoire à l’application industrielle à grande échelle, les étapes à franchir sont certes encore nombreuses. Il n’est en tout cas pas écrit que le platine aura, dans les véhicules de l’avenir, la place qui lui est aujourd’hui promise.

Sujet(s) : Analyse des Cours

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