Métaux précieux : le platine roule alors que le palladium fait son show

Sans à-coup, le platine trace sa route

Le platine, lui, garde son calme olympien. Son cours a navigué entre 1 374 et 1 417 dollars l’once sans faire de vagues, mais ne vous y trompez pas. Derrière cette apparente sérénité, le métal joue une partition solide. La production sud-africaine reste limitée, ce qui entretient un déficit structurel persistant, tandis que la demande continue de grimper. Les Chinois, en particulier, ont nettement renforcé leurs importations, pour anticiper à la fois une demande accrue et les opportunités commerciales liées au Nouvel An lunaire. Selon le WPIC, la demande chinoise de bijoux en platine devrait bondir de 11 % en 2025, pour atteindre 2,23 millions d’onces, un niveau jamais atteint depuis 2018. Preuve que le platine reste un métal stratégique, même lorsqu’il joue la carte de la discrétion.

Le palladium, le roi des montagnes russes

À l’inverse du calme platine, le palladium se déchaîne. En deux semaines, son prix a fait le grand huit : 1 151 dollars l’once le 1er septembre, un plongeon à 1 110, puis un rebond à 1210 mi-septembre. La raison ? Toujours les tensions géopolitiques. La Russie fournit près de 40 % du palladium mondial et chaque rumeur de sanctions agit comme une étincelle sur un marché déjà inflammable.

Dernier rebondissement en date : le groupe minier Sibanye-Stillwater réclame l’instauration des droits de douane américains sur le palladium russe. Si cette mesure se concrétise, elle pourrait transformer le métal en véritable baril de poudre.

Côté automobile, l’Inde, troisième marché mondial, alimente encore la demande :

• plus de 4,1 millions de véhicules vendus en 2024 ;
• une progression de 4 % sur les sept premiers mois de 2025.

Avec la proposition annoncée de réduire la taxe sur les petites voitures (de 28 % à 18 %) la demande en catalyseurs et donc en palladium risque de rester soutenue. Mais voilà : les producteurs ont déjà coupé dans leurs capacités, misant sur le déclin du thermique. Une demande qui accélère alors que l’offre freine : c’est un cocktail explosif pour les prix.

À suivre : les MGP et les prochains rebonds

Les MGP (métaux du groupe des platinoïdes), héros discrets des pots d’échappement, ont jusqu’à présent esquivé les sanctions américaines. Mais la question brûle : cette immunité tiendra-t-elle dans les semaines à venir ? Une incertitude de plus, qui rappelle qu’entre la sérénité du platine et les cascades du palladium, le dernier trimestre pourrait réserver bien des surprises.