Bond inattendu du palladium, dopé par la flambée des tensions géopolitiques

La crise entre l’Ukraine et la Russie agite les « commodities » en ce début d’année 2022. L’impact à long terme reste incertain.

Géopolitique et matières premières sont intimement liées. Depuis quelques mois, l’escalade des tensions entre Kiev et Moscou, dont la presse se fait souvent l’écho, fait flamber les prix de l’ensemble des produits énergétiques, à commencer par le gaz. Elle suscite aussi de l’agitation sur le marché des métaux, dont les platinoïdes. La Russie est le premier producteur mondial de palladium (l’Afrique du sud, elle, domine la production de platine et de rhodium), représentant environ 40 % de l'approvisionnement. Les craintes d'une rupture de livraisons, sur fond de tensions en Europe de l’Est, ont logiquement fait bondir les cours du métal, qui est utilisé dans les pots catalytiques des véhicules à moteur essence pour réduire les émissions polluantes. De 1.908 $ l’once le 31 décembre 2021, les prix ont grimpé à 2.453,77 $ le 31 janvier, avant de revenir à 2.290 $ le 9 février, soit une hausse de 20 % depuis le début de l’année. Cela dit, pour l’instant, aucune perturbation n’a été observée sur la production ni sur les exportations. Conséquence de ce rebond inattendu, les spécialistes ont révisé à la hausse leurs projections et tablent désormais sur une once de palladium autour de 2.300 $ à la fin du premier trimestre 2022. Sur l’année, le prix moyen devrait se situer à 2.275 $. Celui du platine est attendu à 1.025 $, soit peu ou prou le cours actuel.

Hydrogène

À moyen terme, les prévisions restent inchangées. Les perspectives du palladium sont moins favorables que celles de son cousin, le platine. Ce dernier, qui entre dans la composition des pots catalytiques des véhicules à moteur diesel, est de plus en plus utilisé en remplacement du palladium, devenu trop cher, et il est de plus en plus demandé par les producteurs de véhicules à hydrogène. « Le nombre de véhicules à hydrogène sur les routes de Chine, des Etats-Unis, d’Europe et du Japon devrait passer de quelques dizaines de milliers en 2020 à plus de 11 millions en 2030 », calcule le World Platinum Council. Or ces véhicules contiennent 30 à 60 grammes de platine, contre 5 à 10 grammes pour une voiture diesel et 2 à 7 grammes pour une motorisation à essence.

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