Cours du platine : l’heure des bonnes nouvelles ?

De mi-avril à mi-mai, le marché du platine sera resté particulièrement calme, avec des cours compris entre 950 et 1 000 $ l’once. Dans cette stabilité d’ensemble, on a pu voir un mouvement haussier s’amorcer à partir du 6 mai, où le platine s’appréciait de 3,3 % (à 992 $). Puis le 9 mai, où les prix atteignaient les 1 001 $. Mais ces fluctuations restaient sans commune mesure avec l’essor à suivre. Entre le 16 et le 23 mai, les cours en effet grimpaient de 10 % pour afficher 1 088 $. Depuis le printemps 2023, le métal blanc n’avait plus connu de tels sommets.

Les choses vont bien pour le palladium également. Le début du mois avait été marqué par des performances médiocres, l’once stagnant sous la ligne des 950 $. Le marché retrouvait de la vigueur à partir du 12 mai, pour se hisser d’abord à 967 $ le 15, et entamer dans la foulée une ascension plus marquée, qui le conduisait jusqu’au prix de 1 049 $ le 21/05. Le palladium n’a fait mieux qu’une seule fois cette année : c’était le 31 janvier dernier (à 1 071 $).

La Chine au cœur de la hausse

Les spécialistes ont avancé plusieurs raisons afin d’expliquer ces mouvements spectaculaires : 

• Un contexte où le dollar est sous pression, ce qui oriente les investisseurs vers les métaux précieux.
• La perspective d’apaisement des tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis, qui favoriserait les débouchés industriels des deux platinoïdes.  
• Le fait que la Chine a importé en avril les plus gros volumes de platine des douze mois écoulés. Ces chiffres sont dus d’une part à l’intérêt accru du secteur de la joaillerie. Ils s’expliquent, d’autre part, par le fait que le pays a, très probablement, vu fondre ses stocks accumulés depuis des années. 
• La décision prise par Honda de privilégier les voitures hybrides au détriment de l’électrique. Ce qui implique une demande prolongée de l’entreprise en platine et palladium pour la fabrication de pots catalytiques.
• La confirmation, enfin, par le World Platinum Investment Council d’un nouveau déficit global en platine pour l’année 2025. L’institution table sur un manque avoisinant le million d’onces.

Plus qu’un feu de paille ?

Doit-on s’attendre à ce que le platine confirme son regain ? Ici, les avis divergent. 

Fawad Razaqzada, analyste chez Forex, souligne que le platine a franchi un palier qui lui résistait depuis plusieurs années, le prix de soutien pouvant s’établir autour des 1 054 $, avec potentiellement un nouveau seuil à 1 085 $. Il fixe également au mois d’octobre un objectif de 1 250 $.

Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank, reste plus mesuré. La demande provenant du secteur automobile et des autres industries risque de pâtir des droits de douane américains et des mesures de représailles décidées par les autres pays. Il s’attend ainsi à ce que le prix du platine s’établisse autour des 1 000 $ à la fin de l’année, et puisse s’approcher des 1 100 $ en 2026 si l’économie mondiale repart de l’avant.